Friday, December 14, 2012

Juste en passant, au Connecticut...

À tous ceux qui avaient en tête d'un jour eux aussi tuer pleins d'innocents avant de s'enlever la vie, j'ai une idée géniale pour vous ! Faites les choses dans l'ordre inverse ! Vous verrez même pas la différence !

Une personne que je connais avertit de ne pas donner de publicité posthume à Adam Lanza, le tueur du Connecticut, pour éviter de donner l'idée à d'autres... Mmmouais... L'origine du feu, c'est Columbine... Dès que quelqu'un commet un acte extrême où plusieurs innocents sont tués, une armée de moutons malades de par le monde décident d'essayer de faire mieux... Comme la vague des pères de famille qui tuent leur femme et leur progéniture. Y'en a eu un cas, puis pendant deux ans, ne se passait pas 3 semaines sans qu'on en relate un cas de plus dans les journaux... Cette "mode" s'est estompée, mais là, avec Columbine, il y a eu Breivik, Gill, Cho, Steinhäuser, Kretschmer, Gadirov, Menezes de Oliveira, Bai, Saari, Wu... Toutes des tueries dans des écoles et des camps de vacances, toutes depuis l'an 2000, pour un total de plus de 225 morts et 327 blessés. Le feu est déjà bien pris.

Les gens qui passent à l'acte le font parce qu'ils sont mentalement en difficultés, pas parce qu'on en parle. C'est l'équivalent de dire qu'une fille se fait violer "parce qu'elle portait des vêtements affriolants !" Non, une fille se fait violer parce que son violeur a sérieusement besoin d'aide psychologique, pas parce qu'elle était sexy. Même chose pour les tueurs de masses. Il faut remettre à César... Qu'en pensez-vous ?


Des fois, j'imagine une race extra terrestre qui nous regarde et qui commence à avoir très peur de nous. Je parie que leurs films d'horreurs parlent d'une invasion humaine...

20 enfants tirés à bout portant...



The horror... The horror...

Wednesday, November 28, 2012

Aimer la mort... (âmes sensibles, s'abstenir)


C'est le genre d'histoire que je trouve fascinante... Une femme de 37 ans en Suède est soupçonnée d'avoir eu des activités sexuelles avec... un squelette humain. Elle nie tout, cela va de soi. Elle dit s’être procurée les os pour des raisons d’intérêt historique, bien sûr. Mais bien qu’on voudrait la croire sur parole et ainsi ne pas se rappeler que l’être humain est capable de telles choses, nos espoirs s’évanouissent lorsque les policiers trouvent chez elle des CDs avec des titres suspects, tels que « Ma nécrophilie » et « Ma première fois »… En fouillant un peu plus, ils ont trouvé des photos d’elle en train d’embrasser le crâne et d’utiliser la colonne vertébrale pour… pour euh…

Mais bon elle dit qu’elle n’a rien fait de tout cela et prétend que ce n’est pas elle sur les clichés. J’ai trouvé une des photos en question, censurée pour cacher le visage (ci-contre) et je crois qu’il doit être assez facile de savoir si c’est bien elle, c’est un gros plan de son visage. Donc, ses chances de convaincre qui que ce soit sont minces…

 Les cas de nécrophilie ne sont pas légions dans l’histoire. La première fois où c’est relaté, c’est dans les écrits d’Hérodote où il explique que « pour décourager toute pratique sur un cadavre, les Égyptiens, à l'époque des pharaons, embaumaient les belles femmes trois à quatre jours après leur mort », comme quoi ils ne pouvaient pas faire confiance aux embaumeurs… Est-ce que la nécrophilie était si rependue à cette époque qu’il fallait prendre de telles mesures ou était-ce simplement parce que la momification n’était réservée qu’aux pharaons et les gens importants et leur famille, et qu'il arrivait que les embaumeurs soient tentés d’avoir une relation sexuelle avec une personne de haut rang, voire un demi-dieu ? Et c’est ironique lorsque l’on apprend par les journaux cette année que l’Égypte songe à légaliser les relations sexuelles sur des femmes décédées, si pratiquées par le mari dans les six jours suivant son décès. Cette initiative viendrait d’un gouvernement majoritairement islamiste selon leur interprétation du Coran. Plusieurs voix s’élèvent contre l’adoption de cette loi, mais j’imagine que si elle risque de passer, c’est parce que c’est déjà pratiqué par plusieurs dans l’ombre… On met en vitrine ce qui se vend !

Outre ça, la sexualité post mortem semble être davantage le domaine des tueurs en série tels que Jeffrey Dahmer, Ed Gain et autres Luka Magnotta de ce monde. On se dit que logiquement, c’est illégal. Ça ne peut qu’être illégal, non ?

Oui et non. Illégal, ça l’est dans la majorité des pays. Immoral, ça l’est dans la quasi-totalité du monde, mais le point de vue sur son illégalité diffère selon le lieu. Par exemple, la France ne lésine pas sur la question. Toute atteinte à l’intégrité d’un cadavre est punie par la loi : 15 000 Euro et un an d’emprisonnement comme peine maximale. Aux État-Unis, c’est illégal dans presque tous les états, mais en Californie, et ce jusqu’en 2004, la loi prévoyait une sentence pour la mutilation d’un cadavre et la profanation de tombes, mais rien spécifiquement sur les actes sexuels avec un mort. Mais grâce au gouverneur Arnold Schwarzenegger, cela a changé. Il a signé pour que de telles pratiques soient définitivement illégales. Comme ça, les Californiens pourront mieux dormir la nuit. Ou peut-être pas! Voyez vous, la question qui me vient, c’est pourquoi le Governator a ressenti le besoin de passer une telle loi ? Pourquoi la nécrophilie a-t-elle croisé le fil de ses pensées ? Il faut une bonne raison pour faire passer une loi. Soudainement, je préfère vivre là où la loi ne s’est pas penchée sur la question, faute d’avoir besoin de le faire. Et que dire du Royaume-Uni, qui a « rendu la pénétration sexuelle d'un cadavre illégale par la loi dite Sexual Offenses Act 2003 et passible de deux ans de prison », sans préciser quoi que ce soit pour un acte sexuel sans pénétration. Vous voyez le potentiel ?

D’un point de vu strictement légal, la nécrophilie est inacceptable parce que le mort ne pouvant pas donner son consentement, l’acte sexuel devient un viol. Mais qu’en est-il si la personne décédée a donné son consentement ? C’est arrivé en 2001, dans le cas d’Armin Meiwes (ci-contre), en Allemagne, où la victime, Bernd Jürgen Brandes, avait consenti à se faire tuer, puis mutiler et manger après sa mort. Meiwes a été condamné (ouf, quand même) à la réclusion criminelle à perpétuité. Bonne décision. À preuve, il est devenu végétarien par la suite…

Vous avez déjà entendu parler d’un film américain intitulé Broken Arrow ? Sinon, ce n’est pas grave, vous n’avez rien manqué. Ça raconte l’histoire d’une bombe nucléaire qui est volée à l’Armée américaine par des terroristes et ça suit le protagoniste qui tente de la récupérer. Dans une des scènes du film, un des hommes en charge de la situation en avertit un autre qu’ils font face à une situation de « Broken Arrow ». Son interlocuteur ne comprend pas et on lui explique que c’est le terme utilisé lorsqu’une arme nucléaire est perdue. À cela, il répond : « Je ne sais pas ce qui me fait le plus peur : que ce soit arrivé ou que ça arrive assez souvent pour qu’un terme ait été inventé ! » Je crois que c’est précisément ça qui m'effraie. Lorsque je crois que l’homme ne pouvait pas davantage se rabaisser, quelqu’un, quelque part, creuse un peu et découvre un nouveau sous-sol. Que des gens pratiquent quelque chose d’aussi répugnant et, même d’un point de vue pragmatique, biologiquement idiot, ça ne me dérange pas. J’accepte que l’horreur existe en certains endroits, tant que ce sont des cas d’extrêmes exceptions. Mais que ça arrive assez souvent pour que des lois doivent exister pour empêcher l’homme de le faire ? Que ce soit nécessaire au-delà de simplement déclarer malade mentale la personne commettant de tels gestes ? J’en ai des frissons glacés…

Références :



Tuesday, September 11, 2012

Le road rage en 3D


À ceux qui aiment mes anecdotes... Aujourd'hui dans le trafic, je fais une manœuvre pas à 100% "legit", mais qui n'était dangereuse pour personne: Je n'ai que retardé un truck pour un total d'environ 5 secondes. Le conducteur ne le prend pas... Non, minute... c'est pas mal pire que ça. Il réagit comme si j'avais violé sa femme. Devant lui. En lui riant dans la figure. Alors qu'il est attaché... Lui-même violé par un dildo... Un dildo rose... Bref, il se met à gueuler par sa fenêtre, poing levé. Je ne comprenais rien, mais c'était le ton adéquat pour dire "Je vais t'arracher la tête et la planter sur un pieu devant chez moi".

Je prends la 40 direction Est, il me suit, en klaxonnant. Non, en KLAXONNANT, comme s'il venait de mourir et sa tête était tombée sur le volant. J'accélère plus rapidement que lui et il disparaît de ma vue. Ouf...

Deux cents mètre plus loin, jam. Il réapparaît dans mon rétroviseur. La main encore collée au klaxon. Il n'y a maintenant qu'une voiture entre moi et lui, il me suit. Il m'envoie deux doigts d'honneurs (donc plus de main sur le guidon). Ma patience flanche, je lui renvoie la pareille (d’une seule main, je souligne) et prend la sortie Pie-IX.

Il me suit. 

Vous savez la sortie Pie-IX qui ne vous donne que 10 mètres de distance pour couper deux voies pour prendre le boulevard ? Ben elle était complètement bouchée. Un gros parking. Le vieux bonhomme de 55-60 ans, qui a l'air d'un vétéran du Vietnam pas rasé, continue de m'invectiver, en ponctuant ses insultes de klaxons. Coincé dans les voitures, je le regarde et pointe ma tête en voulant dire "je crois, mon aimable concitoyen, qu'une évaluation psychiatrique changerait certes votre perception de la vie". Il n'apprécie pas mon conseil et sort de son six roues pour venir me tuer (ou me serrer la main, aucune idée...). Timing parfait, les voitures avancent soudainement, me laissant passer et doucement pénétrer un nouveau monde où le road rage n'est plus simplement qu'un titre dans le Journal de Montréal... Cheers !.

Tuesday, June 26, 2012

L'art de l'illégalité... Part deux !


Alors que je croyais avoir fait le tour des lois étranges (mais bien vraies) de par le monde... Ce sont toutes de véritables lois, probablement votées dans un contexte dont le commun des mortels ne se souvient plus...Voici donc quelques ajouts cocasses !



  • Au Texas, il est interdit de traire une vache qui ne vous appartient pas ! J'imagine la scène... "Marc... je t'ai prêté ma vache. J'avais confiance en toi, mais t'as tout gâché..."
  • En Angleterre il est strictement interdit de mourir au parlement. Sinon, les conséquences sont terribles, même si vous ne le saurez jamais.
  • En France, il est illégal d'appeler un cochon "Napoléon". Sarkozy, pas de problème, c'est même encouragé, mais pas Napoléon.
  • Au Japon, il est interdit d'importer des photos montrant des parties génitales masculines. La vraie question c'est... est-ce arrivé assez souvent pour qu'une telle loi soit votée ?
  • À San Salvador, aux Bahamas, si on vous prend à conduire en état d'ébriété, vous êtes passible d'être fusillé. T'as failli tuer quelqu'un, donc pour éviter que quelqu'un meurt, le gouvernement est forcé de te tuer !
  • À Singapour, il est illégal de mâcher de la gomme. J'imagine que l'on en trouve sur le marché noir, et qu'il y a des clubs de mâcheurs anonymes...
  • En Thaïlande, il est interdit de marcher sur un billet de banque. Je suis certain que la plupart des gens préfèrent les ramasser en toute légalité...
  • En Suisse, il est contre la loi d'uriner debout à partir de 22h. Il est amusant de savoir que c'est l'heure où il devient illégal de tirer la chasse d'eau. C'est moi ou être le premier à aller aux toilettes le matin doit ne pas être trop appétissant ? Et comment font-ils pour s'assurer que ces lois sont respectées ? Prochaine fois que je pisse en Suisse, je cherche les caméras cachées...
  • Au Bengladesh, il est illégal pour un enfant de tricher à un examen scolaire. Rémi, si tu veux bien nous suivre... Non, pas au bureau du directeur, au commissariat...
Et la plus étrange de toutes... En Californie, il est prohibé de rouler les hanches lorsque vous dansez... Ça explique pourquoi LMFAO dédit une partie de leur hit "Sexy and I Know It" à ne faire que ça... en Californie ! : Wiggle wiggle wiggle wiggle yeah !

Monday, June 18, 2012

Montée de lait d'un fumeur involontaire



J'ai eu une courte conversation aujourd’hui avec un fumeur. Un vrai fumeur. Pas une lavette ! Pas quelqu’un qui rêve d’arrêter un jour et se félicite d’avoir aujourd’hui fumé une clope de moins que la veille. Le genre qui AIME fumer, sait (au lieu de penser) que les problèmes de santé liés à la cigarette ne sont qu’une immense conspiration de granolas frustrés. Il est profondément en colère contre les non-fumeurs qui lui briment sa liberté de se doper quotidiennement avec du benzène, du formaldéhyde (comme dans « formol », ou le liquide qui sert à empêcher les corps morts de se décomposer, le truc qui puait en biologie quand vous ouvriez un œil de bœuf), de l’ammoniaque, de l’acétone, du goudron, de l’oxyde de carbone… et la nicotine. Ce que vous ne saviez peut-être pas sur la nicotine, c’est qu’on ne la surnomme pas "poison" simplement parce que c’est nocif pour la santé. La nicotine est un insecticide. Si vous fumez un paquet de cigarettes par jour pendant un an, vous avalez assez de poison pour tuer 4000 chats. Onze par jour… Donc, j’ai souri quand j'ai écouté ses arguments et je n'ai rien dit. Ça ne servait à rien. Si la tendance sociale à rejeter la cigarette, les photos sur les paquets et les statistiques de Santé Canada ne sont pas suffisantes pour le convaincre, c’est que c'est un aveugle qui refuse de voir. Il y a six ans, mon ex-blonde venait d’arrêter de fumer. Sa décision, et aucune pression de ma part. Mais avant le jour « J » où elle a noyé les clopes de son dernier paquet dans une bouteille de plastique transparente plein d’eau qui lui a par la suite servi de trophée brun-merde, lui rappelant à quel point  c’est dégueulasse, elle a parfois tenté de me faire avaler les arguments pro-nicotine. Ce discours, je le connais par cœur. C’est comme une toune pop trop sucrée qui passe à la radio depuis que le rock & roll  a été flushé du paysage musical international; on a beau l’haïr qu’on en connaît quand même les paroles par cœur à force de l’entendre.

 

Je me permets de m’adresser à ceux qui pourfendent les non-fumeurs. (Évidemment, il y a des fumeurs qui sont très consciencieux et qui font particulièrement attention à ne pas importuner les autres. Ce commentaire ne s’adresse donc pas à vous.) Vous ne comprenez rien aux droits et libertés ! Ce qui m’assomme dans vos revendications, c’est que la lutte entre vous et les non-fumeurs est inégale. Je n’ai jamais vu un fumeur assis sur un banc de parc être importuné du fait que son voisin immédiat ne fume pas. En fumant, vous nous faites fumer. Point. J’ai beau avoir choisi de dire « non » à la cigarette, j’ai régulièrement votre foutue boucane dans les poumons. Malgré de grands efforts pour éviter vos volutes nocives, que vous savez (presque tous) être nocives, je finis toujours par marcher par inadvertance au travers d’un nuage laiteux en traversant une foule, en attendant le bus, en sortant pour faire l’épicerie, en invitant des amis chez moi, sauf si je m’efforce de jouer les trouble-fête en obligeant tous les fumeurs à aller se geler le derrière à l’extérieur… Encore heureux que les lieux publiques interdisent maintenant la cigarette, j’ai toujours trouvé qu’une section non-fumeur dans un restaurant était aussi logique qu’une section pisse dans une piscine. En gros, si je respecte vos droits, vous ne respectez pas les miens. Vous faites de moi un fumeur involontaire. Et pour vous dire la vérité, j’en ai marre. Royalement marre.

 
Pour finir, à tous ceux qui font le grand saut et décident d’écraser la cigarette pour de bon, je vous adresse mes remerciements les plus sincères. Vous réduisez la consommation de tout le monde…

Tuesday, June 12, 2012

La liberté est un feu de paille.

Je ne suis pas le genre à généraliser. J'ai toujours eu tendance à croire que les généralisateurs ont de légères tendances à aimer se vautrer dans la paresse intellectuelle. Par contre, je commence à croire que le monde sombre rapidement dans un abysse dont on ne peut voir le fond. On a tendance à dire ça souvent, mais là ça prend des proportions vraiment, vraiment inquiétantes... Je pourrais prendre le temps de parler du prochain crash boursier qui guette les États-Unis, de ce qui se passe en Syrie, des rumeurs de guerre avec l'Iran, tout ça si décrire la pointe d'un iceberg me satisfait... Mais beaucoup plus près d'ici, si ce qui arrive au Québec en ce moment arrive vraiment chez nous, dans NOTRE patelin, c'est qu'on n'est à l'abri nulle part... Des fois, je me demande si la liberté dont nous jouissions nous a rendu mous au fil des années, ou alors si nos gouvernements nous la laissait parce que nous étions mous au départ... Le deuxième semble faire du sens, puisqu'ils serrent la vis pas mal depuis qu'on s'est écoeuré de baisser la tête. Est-ce que nous avons vraiment joui de la liberté, ou seulement d'une liberté conditionnelle à laisser les riches et les puissants abuser du système ? Si c'est le dernier des deux, est-ce que l'avidité des gens au pouvoir finit toujours par augmenter au point où le peuple se lève ? L'avaient-ils prévu et sont-ils donc préparés à notre réaction ? Et dans cette optique, la liberté est-elle vraiment possible ? Qu'est-ce que vous en pensez ?

Saturday, May 19, 2012

Le début de la fin d'un Québec libre...


En ce jour de l'adoption de la loi 78, je suis en deuil du Québec que je connaissais. J'ai souvent lu les histoires de grands personnages ayant passé au travers des guerres et des crises, qui disent que la liberté n'est jamais acquise, mais nous ne le réalisons que le jour où elle nous est enlevée. Je me permettais de croire que cela pouvait s'appliquer ailleurs qu'ici, parce que nous étions, de loin, le meilleur endroit pour jouir de la liberté démocratique. Mais plus maintenant. Contre toute attente, ce jour est venu, même pour le Québec. Maintenant, j'ai peur pour l'avenir. Maintenant, j'ai peur des lois qui pourraient être votées si même le bon sens ne nous en protège plus !

Je ne suis pas un étudiant. J'ai fini mes études depuis longtemps. Je ne manifeste pas dans les rues non plus. Je ne l'ai encore jamais fait, simplement parce que ça n'a jamais adonné ou que ma vie est trop occupée, mais je suis atterré de voir ce qui vient d'être décidé par le PLQ.

Pour la première fois de ma vie, je songe à quitter le navire, qu'il y ait un canoë de sauvetage ou pas...

Tuesday, February 14, 2012

L'envahisseur


Si vous avez écouté An Inconvenient Truth, donc si vous avez été capable d'écouter le constat navrant sur notre planète qui fond sous nos pieds en faisant abstraction du fait qu'Al Gore lui-même consomme autant d'énergie que dix Américains moyens, vous vous souviendrez peut-être d'un moment dans le film où on compare les réactions humaines face aux changements climatiques à celle d'une grenouille dans l'eau bouillante. Si cette dernière saute dans l'eau déjà en ébullition, elle va illico en ressortir car elle réagit à la différence flagrante de température. Si toutefois on fait bouillir l'eau doucement pendant que l'animal s'y trouve déjà, celui-ci y restera jusqu'à ce qu'il soit prêt à servir avec des frites et une sauce aigre-douce. Après vérification, cette information est fausse, car la grenouille finit bien par vouloir sortir de l'eau, mais vous comprenez l'idée...


Si en fait c'est faux pour la grenouille, c'est toutefois vrai pour nous par rapport à la dégradation de l'environnement. C'est aussi très vrai par rapport à l'expansion de la publicité. Plus le temps passe, plus elle s'étend. Elle est dans ma figure du matin au soir. Kellogg, Gillette, Crest et Cotonnelle le matin, suivi de Chrysler, Ultramar pour me rendre au travail rejoindre Dell, HP, Sharp, Papermate, Purell, Scotties, Hilroy, Meridian, Microsoft Windows et Intel. Même quand je pisse dans un urinoir Crane, maintenant, j'ai une télévision Sony qui essaye de me convaincre de remplacer ma Chrysler par une Chevrolet parce c'est évidemment très supérieur à ce que j'ai déjà. Parfois je suis sur un site très respectable que je ne nommerai pas et alors que j'ai bien entamé la lecture d'un article fort intéressant, une publicité glisse soudainement au milieu de mon écran, me vantant les avantages d'acheter les lunettes Greich & Scaff qui permettent de mieux voir que toute autre au meilleur prix, mais qui, ironiquement, m'empêche de lire mon article, jusqu'à ce que je trouve le foutu petit "x" bien caché, sur lequel je dois cliquer pour retourner à ma lecture.
Maintenant que j'en parle, lorsque j'appelle Mastercard pour savoir si mon solde me permet d'acheter quelque chose, j'ai une voix préenregistrée qui m'invite à écouter attentivement, car les options ont été changées, puis une autre voix anonyme me parle langoureusement de trois nouveaux forfaits offerts par ma compagnie de crédit avant d’enfin se résigner à me révéler quelles sont ces nouvelles touches à appuyer.


Ce gentil petit viol de nos vies quotidiennes par la pub ne s'est pas fait en un jour. Si ça avait été le cas, on aurait déjà demandé qu'une commission enquête sur la question. Elle s'est faite lentement. Les compagnies s'assurent de bien garnir les coffres de ceux qui vont éventuellement devoir mettre leurs culottes et leur mettre des bâtons dans les roues, de manière à ce que ce jour tarde le plus possible. Ça ressemble à un virus qui se met en place, se multiplie de cellule en cellule, mais s'assure de ne pas causer trop de dommage avant d'être bien installé et pratiquement indélogeable.
Et maintenant, on commence à ouvrir les yeux. Un peu tard, peut-être, car la réalité semble de plus en plus cachée derrière la pub qui prend toute la place. Dans un documentaire que j'ai vu récemment et dont le titre m'échappe (désolé...), à la question "Quand est-ce que nous ne sommes pas affectés par la publicité ?", un expert en médias a répondu avec justesse "Quand on dort !"

Sunday, February 12, 2012

In Redactionis, non veritatem


Il y a quelques années, j'ai lu un petit article qui mentionnait que la "nouvelle appréciation québécoise du vin" n'était rien d'autre qu'un penchant pour l'alcool que nous déguisons en vertu en prétendant que nous connaissons et apprécions les cépages et leurs arômes, alors que notre seul but est de nous saouler sans s'en sentir coupable. J'y repense parce qu'un bon ami à moi m'a récemment servi le même argument. Que pour nous, le vin aurait les avantages de la bière sans l'opprobre de l'image de l'ivrogne qui y est associée. En clair, si les Québécois ont divorcé avec le houblon pour forniquer avec le vigneron, c'est évidemment pour se donner bonne conscience! C'est une manière de le voir...

Avant d'aller plus loin, il ne faudrait pas trop mélanger des oranges avec des raisins. L'alcool n'est quand même pas l'équivalent de la cigarette. Il y a plein d'accrocs à l'alcool, certes, mais on n'injecte pas de substances toxiques dans nos bières et nos vins pour augmenter la dépendance du bon peuple. Paraîtrait qu'un verre de vin par jour, accompagné d'une alimentation riche en fruits et en légumes de toutes sortes, est excellent contre les maladies cardiovasculaires (paradoxe français). La nicotine est, par définition, un insecticide et un fumeur brûlant un paquet par jour absorbe annuellement assez de ce poison pour tuer 4000 chats. Onze par jour...

Je suis persuadé que certains Québécois ont tendance à vouloir masquer leur penchant pour l'alcool avec le prestige du vin, mais je crois surtout que de par son attrait relativement nouveau au Québec, on le boit de la même manière que la bière, par habitude. C'est exactement comme lors de la naissance du cinéma. Les premiers films n'étaient souvent ni plus ni moins que des spectacles de danses et de chants filmés. Pourquoi ? Parce qu'on reproduisait ce que l'on connaissait déjà. Les gens ne savaient pas à quoi un film devait ressembler. Ça n'existait pas auparavant! C'est avec le temps que les Marlon Brando et autres sont venu apporter la touche qui allait faire du cinéma, le cinéma, et les goûts cinématographiques se sont développés pour donner ce que nous connaissons aujourd'hui... Il y a beau avoir des bières de dégustation, elles sont surtout, pour bien des gens, le "fix" d'une fin de journée de travail, la récompense du vendredi soir, le lubrifiant social pour les party, etc. On ne recherche pas de nouvelles saveurs de bières, on veut ce qui ressemble le plus à la bière "normale". Pas trop amère, rafraîchissante et pétillante. En gros, on veut boire de la bière qui goûte pas trop la bière, mais qui s'avale vite pour en avoir les avantages le plus vite possible sans que ça nous coûte trop cher, pécuniairement et en grimaces d'amertume. À titre de preuve, les micro-brasseries et les produits importés aux saveurs plus recherchées représentent moins de 20% de la vente sur le marché. 

Le vin, toutefois, se prête moins à cela. Peut-être parce que ses arômes sont plus faciles à aimer, ou peut-être n'est-ce que la vision sociale du vin que nous empruntons de nos cousins Européens nous dicte que le divin liquide rouge se doit d'être apprécié pour sa qualité et non sa quantité. Je ne pense pas qu'il y ait au Québec d'équivalent au vin dans l'alcool. Il y a toujours les experts qui font la différence entre une vodka de première et deuxième catégories, mais ça reste plutôt hétéroclite. En France, faire la différence entre un bon et un moyen cépage, c'est du domaine de la culture générale. Pour nous Québécois, même s'il y a de vrais connaisseurs, pour le grand public, cela reste relativement nouveau. Mais je crois qu'avec le temps, les goûts vont se développer et notre palais s'aiguiser.

Évidemment, ces Québécois en manque d'alcool et de bonne conscience existent, mais prétendre que notre intérêt pour le vin n'est généralement motivée que par notre sentiment de culpabilité est, selon moi, une généralisation d'ignares et un étrange manque de confiance en le potentiel du vin d'intéresser les gens, peu importe leurs origines, à développer l'appréciation qu'il mérite.


Tuesday, January 31, 2012

L’art de l’illégalité


Je vous propose une situation hypothétique :

Rodrigue Magot est un jeune adulte de 18 ans habitant la petite ville de Sainte-Grenouille. Il est le fils préféré de Richard Magot, célèbre dans le voisinage pour ses activités illégales, ses tendances à être en marge de la société et ses vengeances plutôt brutales envers quiconque le contrarie. En ce 23 janvier 2007, Rodrigue est très heureux, car il vient d’atteindre le but qu’il s’était fixé deux ans plus tôt : ramasser un total de 500 $ en sous noirs. Maintenant, son double sac à dos plein à craquer de rouleaux de centimes, si lourd que le jeune homme le transporte de peines et de misères, Rodrigue se dirige fièrement vers le magasin général pour s’acheter le puissant X-Box 360. Arrivé sur place, il se présente à la caissière, une vieille fille de soixante-cinq ans au caractère si mauvais qu’André le Géant, eut-il encore été vivant, n’aurait su lui faire face.  Il dépose d'abord la console de jeux sur le comptoir de la caisse. Gêné par le regard harassant du commis, accentué par ses doubles foyers, Rodrigue retient son souffle et dépose ensuite le sac plein de pièces de cuivre. À sa grande surprise et déception, le commis lui déclare qu’elle ne lui vendra pas son trophée électronique s’il veut le payer en sous noirs seulement. Cette décision a pour effet de mettre notre jouvenceau en colère et, du coup, il l’informe qu’elle n’aurait pas dû jouer ainsi avec ses nerfs, car il est le fils préféré de Richard « Le malade » Magot et que ce dernier n’appréciera certainement pas lorsqu’il apprendra ce qu’elle vient de lui dire! Cette déclaration a l’effet d’une bombe : la caissière, le visage blêmissant et la gueule béante formant un « O » grotesque, laisse s’échapper un croassement lugubre et s’écroule de tout son poids sur le plancher. Le médecin lui avait dit, un mois plus tôt, d’éviter les situations stressantes, car son cœur risquait fort de ne pas tenir le coup, mais elle avait refusé de se faire prescrire un arrêt de travail. Rodrigue est ensuite rattrapé par la police, menotté, et amené au poste dans le panier à salade.

Quelles charges pèsent contre lui? Il y en deux. Il a tenté d’acheter un article d’une valeur supérieure à 50 cents uniquement avec des sous noirs et il a tué une femme malade en lui faisant peur! Est-ce que cette histoire est plausible? Bien sûr que non! Sainte-Grenouille n’existe pas! Pour le reste, il s’agit d’un scénario possible, car ces deux lois existent bel et bien au Québec!

Voici maintenant une liste des lois étranges et désuètes les plus amusantes des quatre coins du globe :

Au Paraguay, les duels sont illégaux, sauf bien sûr si vous êtes enregistrés comme donneurs de sang.  Là, vous devenez même utiles, surtout si vous êtes O négatif…

À Avignon, en France, il est interdit aux soucoupes volantes de se poser en ville, sous peine d’amendes interstellaires sévères!

En Suisse, ils ont légalisé la prostitution, mais pas l’utilisation des services d’une prostituée.

En Chine, vous n’avez le droit d’aller à l’université qu’à la condition d’être intelligent.

Dans la ville de Lebanon, en Virginie, il est interdit de sortir sa femme du lit à coups de pied. Ce qui est inquiétant, c’est que ce soit arrivé assez souvent pour qu’il soit nécessaire de créer une telle loi!

Au Tennessee, il est strictement illégal pour une femme de conduire un véhicule à moteur sans être précédée d’un homme à pied agitant un drapeau rouge pour avertir de son approche. Je me demande si ça s’applique aux bateaux…

En Oklahoma, il est défendu de faire une grimace à un chien, sous peine de prison.

À St-Louis, au Missouri, il est illégal pour un pompier de sauver une femme en chemise de nuit. Il doit attendre patiemment qu’elle soit complètement vêtue. Le savoir-vivre ou la mort!

Au Minnesota, une femme qui se déguise en Père Noël risque de passer 30 jours derrière les barreaux.

En Idaho, les boîtes de bonbons données en gage d’amour doivent peser plus de 25 livres (12,5 Kg), mais moins de 50 livres. Sinon…

À Miami, un homme est dans l’illégalité s’il porte une robe sans bretelle! De plus, toute personne y stationnant son éléphant en l’attachant à un parcomètre doit payer comme pour tout autre véhicule. Où irait donc la contravention? Entre ses fesses, peut-être…

Et finalement, si l’un de vous visite Toronto éventuellement, sachez qu’il est illicite de prendre le transport en commun… si vous avez mangé de l’ail!


Excusez-là !

Thursday, January 19, 2012

Ton frère en prendra soin ( Nouvelle Littéraire - 2005 )

Malgré ce qui lui sembla être un effort considérable de concentration, Myriam n’arriva pas à se souvenir de ce qu’elle devait faire à tout prix. Déveine, pensa-t-elle, sachant que le temps s’enfuyait sans pour autant comprendre d’où lui venait cette certitude. Rien de ce qui tombait sous ses yeux ne daignait lui céder un indice sur l’objet de ses recherches. Pis encore, tout ce qui l’entourait semblait vouloir détourner son attention : les arbres étaient affublés de feuilles d’un vert trop près du pastel, la lumière du soleil filtrant entre ces dernières avait une teinte artificielle presque métallique, le parc qui semblait s’étirer à l’infini dans toutes les directions était peuplé de gens bizarres, non par leur accoutrement, mais par leur staticité, une immobilité qui donnait à Myriam la vague impression de se promener à l’intérieur d’une photographie. Son cœur la suppliait de rester concentrée, mais cette tâche lui rappelait ces images en trois dimensions présentées dans ce livre qu’elle avait reçu à son douzième anniversaire. Ces illustrations n’étaient visibles que si elle essayait de voir « au-delà » de ce qui n’était au départ qu’une marmelade de couleurs non figurative. Parfois, après un long et pénible effort, des ondulations ressemblant à des vagues semblaient vouloir s’affirmer et sortir des pages du bouquin, mais sans plus. Dès que les formes devenaient plus complexes, représentant, à en croire la section « solutions » à la fin du livre, des animaux de ferme ou encore une ville avec des maisons et des voitures, le chaos demeurait chaos et son cadeau disparaissait rapidement sur les rayons de la bibliothèque. Ce que Myriam s’efforçait de trouver ce jour-là était tout aussi évanescent. Dès qu’elle flirtait avec la réponse, son esprit était distrait par quelque étrangeté parant le paysage improbable où elle cheminait. Le pire de tout était sans doute l’affiche. Immense, elle se dressait à plus de cinq cents mètres d’où Myriam se trouvait. Quelque chose y était inscrit en gros caractères noirs. Sans doute s’agissait-il de quelque slogan publicitaire à en juger par l’homme souriant démesurément en arrière-plan, qui approuvait le commentaire inscrit d’un pouce levé vers le ciel, mais Myriam n’arrivait pas à le lire. À chaque tentative, les lettres se mettaient à danser les unes avec les autres, changeant de place, de hauteur, de forme. Ensuite, il y eut les sanglots. Myriam les entendit progressivement jusqu’à ce qu’ils s’imposent, mais ils lui donnèrent l’impression d’avoir été présents depuis toujours, un peu comme lorsqu’un réveille-matin la tirait d’un profond sommeil après plusieurs minutes d’une musique ininterrompue qu’elle percevait soudainement, mais savait entendre inconsciemment depuis un bon moment. Les larmes appartenaient à sa mère, Louise, que Myriam n’arrivait pas à trouver après avoir pivoté sur elle-même. Pourtant, elle semblait si près. Si près !


- Maman ? tenta-t-elle, mais ce mot fut plus lourd qu’il ne l’avait jamais été.


Pas de réponse, outre d’autres sanglots mouillés et ponctués de hoquets et de reniflements. Myriam reporta son attention sur l’immense panneau et sur la photo de l’homme qui s’y trouvait, satisfait du produit qu’il tentait de vendre. Ça a marché pour moi et je suis enfin heureux. Qu’attendez-vous pour sortir vos portefeuilles, bande de ploucs ! semblait-il penser avec ce sourire blanc et immense, plein de dents en tous points parfaites, laissant à croire qu’il s’agissait d’une publicité de pâte dentifrice. Par contre, le texte qui s’y trouvait quelques instants plus tôt n’y était plus. Myriam resta immobile un moment, tentant de comprendre comment cela se pouvait. D’un autre côté, elle se dit qu’il s’agissait-là d’un développement, d’une évolution, en quelque sorte. Si une réponse se trouvait quelque part dans ce parc, elle se cachait sans doute dans cette affiche.


Myriam entreprit donc de s’y rendre, mais ses jambes, réalisa-t-elle avec stupéfaction, étaient lourdes et maladroites comme si le sang qui coulait dans ses veines avait été changé en plomb. Après seulement quelques pas, le sol semblait s’être transformé en un aimant malicieux destiné à précipiter l’échec de son entreprise et elle dut y poser la main gauche pour éviter de s’y écrouler lourdement. Les spectateurs silencieux installés çà et là fixaient Myriam avec attention, le visage placide et le corps immobile, renforçant son impression que le monde avait cessé de tourner.


- Ne bouge pas, Myriam. Reste calme ! Je t'aime, mon bébé ! Oh ! Mon Dieu !


Sa mère, aucun doute. Sa mère triste, sa mère inquiète à outrance, sa mère méconnaissable, mais incontestablement sa mère. Myriam fit un second tour de girouette qu’elle crut aussi futile que le premier, mais Louise apparut enfin derrière elle, étendue sur l'herbe et secouée de soubresauts respectant le rythme irrégulier de ses plaintes qui s'imposaient de plus en plus. Myriam eut tout d'abord le réflexe de vouloir aider sa mère, la réconforter comme cette dernière l'avait toujours fait avec amour tout au long de sa jeunesse, mais ses jambes la trahirent à nouveau alors qu'elle tentait de se retourner et, cette fois, elle s'effondra sur le sol humide. Sa chute sembla chagriner Louise de plus belle. Du coup, ses gémissements qui inspiraient à Myriam de la pitié lui devinrent insupportables, d’autant plus qu’ils avaient tendance à la distraire de ce qui comptait plus que tout.


- Je m'excuse, maman ! Il faut que je te laisse. Je dois absolument...


Sa phrase coula à pic, sans tambour ni trompette. Elle n'avait toujours aucune idée de ce qui pressait tant ! Pourtant, tout son corps lui criait de se relever, de se débattre contre l'engourdissement qui semblait vouloir la gagner. Elle se dit que c'était probablement ce qu'un insecte devait ressentir alors que, prisonnier des pattes velues d'une araignée, le venin paralysant fait son chemin depuis la morsure jusqu'à l'extrémité de tous ses membres. Mais Myriam n'allait pas abandonner. Pas maintenant. De peine et de misère, elle tenta de se relever et de se retourner vers l'affiche publicitaire, son Saint-Graal circonstanciel, mais ses efforts furent à nouveau rapidement contrariés. À peine avait-elle réussi à se remettre sur ses jambes qu’elle fut assaillie par les gens qui, quelques instants plus tôt, la regardaient de loin sans bouger. Ceux-ci s'étaient apparemment précipités sur elle sans qu'elle ne s'en aperçût et tentaient maintenant de l'immobiliser. Myriam voulut crier, mais de sa gorge ne s’échappa qu'un souffle sifflant semblable à celui d'un asthmatique au plus fort d'une crise. Rapidement fut-elle à nouveau sur le sol malgré toutes ses tentatives désespérées pour se libérer de ses assaillants. Ces derniers ne semblaient toutefois pas vouloir lui faire du mal. Leurs mains, quoique fermes, l'étreignaient doucement et sans violence.


- Calme-toi, Myriam ! Je t'en supplie, reste calme ! Je suis avec toi ! Je t'aime ! fit sa mère, tout près d'elle.


Celle-ci pleurait toujours, mais restait sur place sans tenter d'aider sa fille qui se sentit rapidement gagnée par la panique. Soudainement, l'affiche revint à l’esprit de Myriam et elle tourna la tête dans sa direction. Son cou lui fit soudainement très mal et la douleur qui traversa son crâne semblait vouloir l'informer que ce mouvement brusque se devait d'être son dernier. Tous les éléments du parc commençaient à s’embrouiller, à se dédoubler et à disparaître rapidement, et le sol semblait maintenant plutôt instable, secoué par quelque activité sismique étrange qui ne faisait qu'ajouter à la frénésie du moment. Myriam ne trouva pas l'imposante publicité au premier coup d’oeil, mais elle persista, scrutant avidement le paysage flou comme s'il s'y trouvait la réponse à l'absurdité dont elle était la proie. Après quelques secondes de vains efforts, l'un de ses persécuteurs lâcha prise et se retira, révélant le panneau publicitaire qui se dressait derrière lui. Encore une fois, l’image qui s'y trouvait avait changé. Le personnage y présentait toujours son pouce avec fierté, mais son sourire déshabillait désormais une paire de gencives toutes édentées. Sa petite tête ronde était pourvue de minces cheveux blonds clairsemés et de grands yeux bleus. Ce personnage, garant d'un produit toujours mystérieux qui n'avait certes rien à voir avec l'hygiène buccale, était maintenant un enfant âgé de moins d'un an, le sien, prénommé Raphaël. Myriam avait choisi ce nom en l'honneur de son frère qui avait été baptisé ainsi avant de s'étouffer accidentellement avec son cordon ombilical, vingt-trois ans plus tôt. Et c’est ainsi que Myriam comprit. C’est ainsi que le panneau publicitaire disparut avec les arbres qui le bordaient et que le parc se transforma en un couloir incolore et stérile, ceux d’un hôpital. Un hôpital qu’elle n’avait pas vu depuis la venue au monde de son fils. C’est ainsi qu’elle découvrit sans grande surprise son corps meurtri, ponctué de coupures et d’éclats de vitres provenant soit de sa propre voiture ou celle qui l’avait frappée. Myriam était immobilisée sur une civière par des sangles servant à empêcher ses nombreuses blessures de s'aggraver pendant qu'on la transportait en toute hâte. Sa mère marchait rapidement derrière les ambulanciers, mais Myriam ne pouvait deviner sa présence que par les bruits mouillés de sa peine, car sa tête ne pouvait plus bouger. Enfin, elle tenta de lui poser la question qu’elle venait tout juste de trouver, tout en réalisant douloureusement qu’elle en connaissait déjà la réponse.


- Maman ? fit Myriam sans reconnaître sa propre voix. Raphaël ? Raphaël est… Il va bien? Où est-il?


- Chut! Ne t'inquiète pas, mon bébé, fit Louise, la voix cassée et hoquetante. Ton frère en prendra soin...






La route d'automne ( Nouvelle littéraire - 2010 )


Joannie se délecta prudemment de la route qui défilait devant elle. Celle-ci était bordée de ces arbres aux feuilles si colorées d’octobre, tapissant si joyeusement l’asphalte mat. La voiture était un de ces gros véhicules rouges. Peut-être celle que son père vantait si souvent et désirait tant s’acheter un jour. Comment l’appelait-il déjà? Une M… Une Moustagne? Joannie n’en était pas certaine. Elle n’avait pas vu son père depuis tellement de temps… Au volant se trouvait la mère de famille. Pas sa mère à elle, loin de là. Celle-là ne ressemblait pas à sa mère, ni à aucune mère. Elle était trop maquillée, trop coiffée, trop… Pas assez maman pour être une mère.
Joannie l’écouta parler à sa fille (Érika, qu’elle s’appelait), mais elle ne comprenait pas vraiment leur discussion, parce qu’elles ne parlaient pas en français. Elles parlaient en anglais. Joannie le savait parce qu’elle avait un ami à l’école qui savait le parler : Alexis. Sa maman à lui, beaucoup mieux que la maman qui conduisait la Moustagne, ne parlait pas très bien en français, mais elle lui offrait parfois un ou deux petites guimauves aux bananes que Joannie aimait tant. Elle ne la voyait que lorsque sa maman à elle avait trop de travail pour venir la chercher à l’école et qu’elle avait besoin d’un « coup de main ». Alexis parlait toujours en français avec Joannie et avec les autres amis à l’école, mais quand il parlait avec sa famille, c’était comme si ce n’était plus Alexis, mais quelqu’un d’autre. La professeure avait dit à la classe qu’Alexis était un bélingue et que c’est pour ça qu’il parlait anglais. S’il était avec elle en ce moment, Joannie était certaine qu’il pourrait lui dire ce que la dame et Érika se disaient. Mais Joannie se dit qu’elle ne verrait probablement plus jamais Alexis, ni ses autres amis, ni sa classe de première année. Alors, Joannie regarda à nouveau la mère d’Érika. Elle avait l’air fâché. Elle faisait plein de grimaces avec son rouge à lèvres très rouges. Érika, elle, ne disait pas grand-chose. Elle poussait des soupirs et regardait la route. Si Joannie pouvait revoir sa maman un jour, elle la regarderait toujours, toujours, tout le temps.
 Joannie fit une petite moue boudeuse et, peu à peu, elle sentit alors une grosse larme qui roulait le long de sa petite joue ronde. Mais elle n’allait pas pleurer comme un bébé. Non. Parce que le grand monsieur, le méchant monsieur, lui ferait plus de mal encore si elle pleurait fort ou si elle faisait du bruit. C’était encore pire si elle disait qu’elle voulait revoir sa maman et son papa. Quand elle lui avait dit ça l’autre jour, il avait été si fâché que sa tête était devenue toute rouge. Si elle ne pleurait pas et ne disait rien, le monsieur restait calme. Il lui faisait moins mal et repartait plus rapidement.
Joannie jeta donc pour une dernière fois son regard sur la fille de la maman au rouge à lèvres rouge et voulut lui dire qu’elle était là, derrière elle. Qu’elle avait besoin d’aide. Elle tendit le bras vers Érika et lui toucha gentiment la tête, l’épaule, les cheveux… Elle voulait tant être à sa place, que sa méchante maman soit la sienne, roulant rapidement en Moustagne sur cette si belle route d’automne. Puis, Joannie entendit un bruit de pas au dessus d’elle et appuya sur le bouton noir marqué Power. Tout disparut : la belle route d’automne, Érika et sa maman. Tout devint noir autour d’elle, car outre la télévision, aucune lumière ne venait éclairer le sous-sol. Il valait mieux ne pas attendre que le monsieur redescende. Il serait sûrement fâché de savoir que Joannie avait trouvé sa télévision secrète et l’avait branchée pendant son absence. Et elle voulait la regarder encore demain, et après demain, et tous les autres jours…
Soudain, une main forte fit glisser une clé dans la porte du sous-sol, et Joannie s’en alla se cacher. Ça ne servait à rien, car il la retrouvait toujours, mais peut-être que cette fois-ci…

L'acte ( Nouvelle littéraire - 2001 )


J’y suis enfin ! Mes pieds foulent cette scène qu’on me
promettait depuis des semaines. Le spectacle qui s’offre à moi ressemble
beaucoup à ce que j’avais imaginé, quoique la plate-forme de bois me semble
différente vue d’ici. C’est toujours la même, celle qui m’avait tant fascinée
étant jeune, mais ce soir, elle me semble étrangement petite. Peu importe, je
n’ai plus le temps d’y penser. Je dois bien me tenir, car je suis devant la
foule et c’est là ce qu’elle attend de moi. Pratiquement tout le village est
venu assister à l’événement qui, par pure coïncidence, se tient le soir du jour
le plus long de l’année. On m’a fait part que la journée a été belle et sans
nuage, ce que je peux apprécier maintenant, puisque le soleil n’a pas encore
disparu à l’ouest. La température est agréable, l’air est sec et les
spectateurs semblent à leur aise. Du coin de l’œil, je vois mon fils vêtu de
son plus bel habit. Il semble tout aussi ému que je le suis moi-même ! J’aperçois
également monsieur Du Harnois, mon employeur et unique homme d’affaires du
village. Il ne manque jamais l’occasion de se présenter à un événement
important tel que celui-ci et, comme je m’y attendais, il est au premier rang,
arborant un sourire fier et satisfait. Tous les autres visages me sont soit
connus, soit familiers; des parents proches ou éloignés, d’anciens amis, des
gens du voisinage ou des villages voisins… Bref, ils sont plus ou moins cinq
cents, les yeux rivés sur mon entrée en scène tant attendue, la bouche scellée
par l’émotion, la fascination ou simplement par respect.

La présence de tous ces gens me fait chaud au cœur, mais le seul visage
que je tenais vraiment à voir est celui d’Élizabeth. Au premier coup d’œil,
elle ne semble pas être venue. Cela ne m’étonne pas du tout, vu les
circonstances. Néanmoins, j’aurais tellement voulu qu’elle soit là et qu’elle
puisse contempler son œuvre, car c’est grâce à elle que je suis sur ces
planches. Elle a croisé ma petite vie simple et anonyme et maintenant, je serai
le sujet de bien des conversations pour les semaines et les mois à venir. Je
vais peut-être même figurer dans le livre d’histoire du village, comme je
l’espérais tant dans ma jeunesse… Quelle ironie ! De toute façon, monsieur Du
Harnois, son très noble et respecté père, se fera certes un plaisir de lui
relater en détails tous ce qu’elle aura manqué, tant il semble se délecter du
spectacle.

Bon, c’est à mon tour de jouer et on me fait signe d’avancer. Les autres
acteurs de cette dramatique me regardent silencieusement et chacun selon son
rôle : avec fermeté, mépris, compassion… Ceux qui s’adressent à moi
récitent ce qu’ils ont appris et répété maintes et maintes fois déjà et, sans
les écouter, j’attends que ce soit à mon tour parler. Je n’ai qu’une seule
réplique à dire, mais c’est la plus attendue de toutes !

Ah ! Chère Élizabeth, je ne cesse d’espérer que tu sois quelque part
dans cette foule et que tu me vois en ce moment ! Que tu me regardes comme tu
me regardais dans l’écurie de ton père, alors que j’entretenais ses chevaux. Tu
te croyais maligne, cachée derrière les meules, mais je te savais toujours là,
m’observant et espérant que ton père n’arrive pas à l’avance, dérogeant à ses
habitudes. Lorsque tu te décidais enfin à te montrer, je feignais la surprise
et ça te rendait heureuse. Et quel sourire tu as ! Oh ! Qu’importe maintenant.
C’est bientôt à moi de prendre la parole. Que vais-je dire ? Peut être bien ce
que ton père n’a pas voulu entendre quand il a su, pour nous deux. Le souvenir
de son visage profondément choqué lorsqu’il nous a trouvés enlacés à faire ce
que Dieu proscrit restera gravé dans mon âme à jamais, telle une vilaine
brûlure. Si seulement tu m’avais laissé parler, mon amour, j’aurais sans doute
trouvé une explication et sauvé notre dignité à tous trois, mais tu as décidé
de ne sauver que toi-même ! Quelle tragédie !

Voilà, c’est à moi. Plus un son ne se fait entendre, sinon la plainte
lointaine d’un chien se battant avec sa chaîne. L’intérêt que manifeste l’auditoire
pour ce que je m’apprête à dire est presque palpable et les centaines de yeux
rivés sur ma personne me font l’effet d’un seul et immense visage impatient. Je
préfère fermer les yeux ; ce sera plus facile ainsi. J’inspire, garde mon
souffle et enfin, j’expire et ne dis rien. Après quelques instants de silence
presque total, des murmures et des chuchotements s’élèvent d’une foule de plus
en plus consternée. Les gens se demandent probablement si mon refus de
m’exprimer confirme ce que plusieurs ont pensé tout bas. Cela scandalise les
uns et satisfait les autres, transformant le public en une véritable mer agitée
par la pire des tempêtes. Je crois qu’en fait, je viens de refuser le rôle que
l’on m’a attribué. Plus de jeu ! Cette triste nuit dans l’écurie aura été le
dernier rôle que j’aurai joué. Monsieur Du Harnois, vous avez agi en homme de
bien, mais vous vous trompez à mon sujet ! Le cri de douleur et de honte que
votre fille a poussé lors de votre arrivée soudaine et inattendue, tout
convaincant qu’il était, n’était qu’un mensonge pour sauver sa propre image
ainsi que la vôtre. Je n’ai voulu aucun mal à Élizabeth et, ne vous en
déplaise, je n’ai répondu qu’à ses propres désirs envers moi.

Je me demande maintenant si la trappe s’ouvrant sous mes pieds sera le dernier son
que j’entendrai ou alors si ce sera celui de ma nuque qui se brise.