Monday, June 18, 2012

Montée de lait d'un fumeur involontaire



J'ai eu une courte conversation aujourd’hui avec un fumeur. Un vrai fumeur. Pas une lavette ! Pas quelqu’un qui rêve d’arrêter un jour et se félicite d’avoir aujourd’hui fumé une clope de moins que la veille. Le genre qui AIME fumer, sait (au lieu de penser) que les problèmes de santé liés à la cigarette ne sont qu’une immense conspiration de granolas frustrés. Il est profondément en colère contre les non-fumeurs qui lui briment sa liberté de se doper quotidiennement avec du benzène, du formaldéhyde (comme dans « formol », ou le liquide qui sert à empêcher les corps morts de se décomposer, le truc qui puait en biologie quand vous ouvriez un œil de bœuf), de l’ammoniaque, de l’acétone, du goudron, de l’oxyde de carbone… et la nicotine. Ce que vous ne saviez peut-être pas sur la nicotine, c’est qu’on ne la surnomme pas "poison" simplement parce que c’est nocif pour la santé. La nicotine est un insecticide. Si vous fumez un paquet de cigarettes par jour pendant un an, vous avalez assez de poison pour tuer 4000 chats. Onze par jour… Donc, j’ai souri quand j'ai écouté ses arguments et je n'ai rien dit. Ça ne servait à rien. Si la tendance sociale à rejeter la cigarette, les photos sur les paquets et les statistiques de Santé Canada ne sont pas suffisantes pour le convaincre, c’est que c'est un aveugle qui refuse de voir. Il y a six ans, mon ex-blonde venait d’arrêter de fumer. Sa décision, et aucune pression de ma part. Mais avant le jour « J » où elle a noyé les clopes de son dernier paquet dans une bouteille de plastique transparente plein d’eau qui lui a par la suite servi de trophée brun-merde, lui rappelant à quel point  c’est dégueulasse, elle a parfois tenté de me faire avaler les arguments pro-nicotine. Ce discours, je le connais par cœur. C’est comme une toune pop trop sucrée qui passe à la radio depuis que le rock & roll  a été flushé du paysage musical international; on a beau l’haïr qu’on en connaît quand même les paroles par cœur à force de l’entendre.

 

Je me permets de m’adresser à ceux qui pourfendent les non-fumeurs. (Évidemment, il y a des fumeurs qui sont très consciencieux et qui font particulièrement attention à ne pas importuner les autres. Ce commentaire ne s’adresse donc pas à vous.) Vous ne comprenez rien aux droits et libertés ! Ce qui m’assomme dans vos revendications, c’est que la lutte entre vous et les non-fumeurs est inégale. Je n’ai jamais vu un fumeur assis sur un banc de parc être importuné du fait que son voisin immédiat ne fume pas. En fumant, vous nous faites fumer. Point. J’ai beau avoir choisi de dire « non » à la cigarette, j’ai régulièrement votre foutue boucane dans les poumons. Malgré de grands efforts pour éviter vos volutes nocives, que vous savez (presque tous) être nocives, je finis toujours par marcher par inadvertance au travers d’un nuage laiteux en traversant une foule, en attendant le bus, en sortant pour faire l’épicerie, en invitant des amis chez moi, sauf si je m’efforce de jouer les trouble-fête en obligeant tous les fumeurs à aller se geler le derrière à l’extérieur… Encore heureux que les lieux publiques interdisent maintenant la cigarette, j’ai toujours trouvé qu’une section non-fumeur dans un restaurant était aussi logique qu’une section pisse dans une piscine. En gros, si je respecte vos droits, vous ne respectez pas les miens. Vous faites de moi un fumeur involontaire. Et pour vous dire la vérité, j’en ai marre. Royalement marre.

 
Pour finir, à tous ceux qui font le grand saut et décident d’écraser la cigarette pour de bon, je vous adresse mes remerciements les plus sincères. Vous réduisez la consommation de tout le monde…

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