J'ai eu une courte conversation
aujourd’hui avec un fumeur. Un vrai fumeur. Pas une lavette ! Pas quelqu’un qui
rêve d’arrêter un jour et se félicite d’avoir aujourd’hui fumé une clope de
moins que la veille. Le genre qui AIME fumer, sait (au lieu de penser) que les
problèmes de santé liés à la cigarette ne sont qu’une immense conspiration de granolas
frustrés. Il est profondément en colère contre les non-fumeurs qui lui briment
sa liberté de se doper quotidiennement avec du benzène, du formaldéhyde
(comme dans « formol », ou le liquide qui sert à empêcher les corps morts de se
décomposer, le truc qui puait en biologie quand vous ouvriez un œil de bœuf),
de l’ammoniaque, de l’acétone, du goudron, de l’oxyde de carbone… et la
nicotine. Ce que vous ne saviez peut-être pas sur la nicotine, c’est qu’on ne
la surnomme pas "poison" simplement parce que c’est nocif pour la
santé. La nicotine est un insecticide. Si vous fumez un paquet de cigarettes
par jour pendant un an, vous avalez assez de poison pour tuer 4000 chats. Onze
par jour… Donc, j’ai souri quand j'ai écouté ses arguments et je n'ai rien dit.
Ça ne servait à rien. Si la tendance sociale à rejeter la cigarette, les photos
sur les paquets et les statistiques de Santé Canada ne sont pas suffisantes
pour le convaincre, c’est que c'est un aveugle qui refuse de voir. Il y a six
ans, mon ex-blonde venait d’arrêter de fumer. Sa décision, et aucune pression
de ma part. Mais avant le jour « J » où elle a noyé les clopes de son
dernier paquet dans une bouteille de plastique transparente plein d’eau qui lui
a par la suite servi de trophée brun-merde, lui rappelant à quel point c’est dégueulasse, elle a parfois tenté de me
faire avaler les arguments pro-nicotine. Ce discours, je le connais par cœur. C’est
comme une toune pop trop sucrée qui
passe à la radio depuis que le rock &
roll a été flushé du paysage musical international; on a beau l’haïr qu’on en
connaît quand même les paroles par cœur à force de l’entendre.
Je me permets de m’adresser à ceux qui
pourfendent les non-fumeurs. (Évidemment, il y a des fumeurs qui sont très
consciencieux et qui font particulièrement attention à ne pas importuner les autres. Ce
commentaire ne s’adresse donc pas à vous.) Vous ne comprenez rien aux droits et
libertés ! Ce qui m’assomme dans vos revendications, c’est que la lutte entre
vous et les non-fumeurs est inégale. Je n’ai jamais vu un fumeur assis sur un
banc de parc être importuné du fait que son voisin immédiat ne fume pas. En fumant,
vous nous faites fumer. Point. J’ai beau avoir choisi de dire « non »
à la cigarette, j’ai régulièrement votre foutue boucane dans les poumons.
Malgré de grands efforts pour éviter vos volutes nocives, que vous savez (presque
tous) être nocives, je finis toujours par marcher par inadvertance au travers d’un
nuage laiteux en traversant une foule, en attendant le bus, en sortant pour
faire l’épicerie, en invitant des amis chez moi, sauf si je m’efforce de jouer
les trouble-fête en obligeant tous les fumeurs à aller se geler le derrière à l’extérieur…
Encore heureux que les lieux publiques interdisent maintenant la cigarette, j’ai
toujours trouvé qu’une section non-fumeur dans un restaurant était aussi logique
qu’une section pisse dans une piscine. En gros, si je respecte vos droits, vous
ne respectez pas les miens. Vous faites de moi un fumeur involontaire. Et pour
vous dire la vérité, j’en ai marre. Royalement marre.
No comments:
Post a Comment