Tuesday, January 29, 2013

Smog en Chine: L’ironie nous guette-t-elle ?



J’ai eu la chance de discuter avec quelqu’un qui a passé les deux dernières années en Chine. Malgré que cette personne insiste pour dire que son expérience a été surtout positive, l’ensemble des faits dont elle m’a parlés était particulièrement triste.

Les Chinois semblent se trouver dans une impasse. Suite à la Révolution culturelle de Zedong, ils ne savent plus trop d’où ils viennent. Pire, maintenant que le pays est devenu une république populaire communiste orientée vers le business (quelque chose d’unique dans l’histoire), ils ne savent pas plus où ils vont.

Pourquoi ? Parce qu’on les garde dans l’aveuglement, voilà tout. Parce que tous les Chinois doivent travailler pour faire fructifier le pays qui veut la première place économique dans le monde, mais puisqu’il n’y a aucun syndicat pour protéger les travailleurs, leurs salaires sont ridicules, leurs heures de travail dépassent de beaucoup 8 heures par jours et les droits de l’homme sont littéralement jetés aux oubliettes. Le gouvernement voulant s’assurer que le peuple accepte tout ça sans broncher, pour le bien de l’avancement du pays, il s’assure que les Chinois ont le moins de connexions vers l’extérieur possible. Censure médiatique systématique, éradication rapide de toute organisation soupçonnée d’être un risque pour l’ordre établi, toutes les connexions Internet sont filtrées, bloquant l’accès à de nombreux sites, dont Twitter, YouTube, Flikr, Bing…
En outre, les Chinois sont également très peu renseignés sur l’environnement et les dangers de la pollution. Tous les cours d’eau de Chine sont complètement pollués. Selon le rapport de l’Académie des sciences de la Chine, présenté en avril 2007, le Yangtze, le plus important fleuve du pays, est « sérieusement et irréversiblement pollué. Plus de 600 kilomètres et près de 30 pourcent de ses affluents sont dans une condition critique. » En 2002, Pékin avait promis d’injecter 5 milliards de dollars pour nettoyer le fleuve, sans aucun résultat. Le plus étrange, c’est que les Chinois n’en ont presque pas conscience, car ces sujets ne passent pas vraiment entre les mailles de la censure médiatique, pour éviter que les gens se soulèvent, indignés !
Mais voilà… Nous voyons bien aujourd’hui les ravages du manque de respect de la qualité de l’environnement ici-même, chez nous. Ici, on nous rappelle sans cesse l’importance de protéger Mère nature. Malgré tout, je n’oserai jamais boire une gorgée de l’eau d’aucun des 130 000 cours d’eau du Québec. Imaginez la situation en Chine, compte tenu de la densité de la population, de son ignorance des risques environnementaux et du gouvernement qui ne veut surtout pas ralentir la cadence, permettant ainsi à son industrie à faire de l’argent, sans égard à sa population ni à son environnement. Combien de temps avant qu’ils commencent à vraiment payer le prix d’un tel aveuglement ?

Pas très longtemps. Le deuxième smog dont souffre l’est de la Chine en deux semaines est si dense qu’on ne peut plus voir à plus de cent mètres de distance, ce qui remplit les hôpitaux de patients aux prises avec de sérieux problèmes respiratoires. Pas étonnant, le taux de pollution de l’air y est de 20 fois supérieur à la norme établie par l’OMS. On a été forcé de fermer temporairement les usines les plus polluantes, d’annuler des vols, de réduire du tiers l’utilisation automobile des agences gouvernementales… Le manque de respect envers la nature ne peut pas continuer impunément. Tôt ou tard, nous allons payer cher, comme le font les Chinois aujourd’hui.
Ce smog, c’est comme l’ironie de la Chine contemporaine. C’est l’aveuglement nocif du peuple, provoqué par un gouvernement avide de pouvoir et d’argent et qui n’est pas limité par les contraintes de la démocratie. Si vous vous demandez ce que la corporatocratie risque d’apporter avec elle, si on lui laisse le champ libre comme nous le faisons présentement, cette réalité deviendra peut-être la nôtre, un jour…
Liens:
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2013/01/29/005-001-chine-smog-aviation.shtml
http://factsanddetails.com/china.php?itemid=460

Tuesday, January 22, 2013

La mort du français au Québec


Peu importe de quel groupe social vous êtes issus, vous avouerez que le français écrit est terriblement difficile à apprendre, et absolument chiant à maîtriser.
Ce n’est pas un problème essentiellement québécois. Malgré que le Québec soit actuellement le pire massacreur du français, la France, la Belgique et la Suisse romande sont aux prises avec le même problème. Pourquoi est-ce un problème inhérent au français? Pourquoi l’espagnol et l’italien, par exemple, ne font pas face aux mêmes difficultés?
Eh bien, voilà. Parce que le français est compliqué pour rien!

 Depuis le début de la vulgarisation du latin jusqu’au français d’aujourd’hui, les populations francophones ont toujours eu tendance à patoiser notre langue. Au milieu du IXe siècle, la France a tenté d’éradiquer le breton, le patois du français le plus répandu à l’époque. Les enseignants recevaient le mandat suivant du ministère de l’éducation: «Surtout rappelez-vous, Messieurs, que vous n’êtes établis que pour tuer la langue bretonne.» Pour forcer ce «linguicide», les enfants qui étaient pris à parler breton dans la cour d’école étaient ridiculisés par les autres élèves, ce qui était mandaté par les enseignants... Cette lutte pour un français uniforme créa un snobisme linguistique. On refusait tous les postes importants à ceux qui n’avaient pas la “bonne orthographe.” Les enfants n’avaient même pas droit de faire leur première communion s’ils s’obstinaient à parler breton. C’était devenu une affaire de classe, d’importance sociale. Le problème, c’est que cet ostracisme envers ceux qui ne maîtrisaient pas le français parlé et écrit n’a jamais permis une réforme satisfaisante de l’orthographe française!
Résultat: Nous sommes pris, encore aujourd’hui, avec des règles grammaticales trop arbitraires, un système archaïque et complexe à souhait qui n’est plus conforme à la réalité linguistique contemporaine. Le massacre du français écrit n’est qu’un des symptômes d’une langue qui ne s’est jamais adaptée au peuple qui l’utilisait.

 Maintenant, je crois que la question est la suivante. Voulons-nous nous battre pour un bon français parce que c'est une belle langue, pleine de richesses et de subtilités, ou voulons-nous le faire parce que nous considérons, consciemment ou pas, le français comme le fleuron de notre identité québécoise ? Quelle est votre réponse là-dessus ? Ça m'intéresse beaucoup, honnêtement.
Et si je peux me permettre de creuser un peu plus, est-ce qu'une langue devrait être vue comme une œuvre d'art qu'il nous faut absolument protéger de toute altération, empruntée à d'autres langues ou née de la paresse du peuple ? Ou alors est-ce un outil de communication qui doit évoluer avec le peuple ? Si plus personne ne se rappelle ce qu'est un grille-pain, mais savent ce qu'est un "toaster", est-ce un péché que d'intégrer "toasteur" au dictionnaire ? "Ce n'est pas du français à la base !" Oui, mais le français, à la base, c'est du latin qui a été massacré par la populace pour devenir le latin vulgaire, pour ensuite être influencé par l'invasion franque, puis se diviser en de nombreux dialectes. Les deux principaux, langue d'oc et langue d'oïl (selon la manière de dire "oui"), eux-mêmes étaient divisés en de nombreux sous-dialectes selon la région. C'est enfin la langue d'oïl, plus particulièrement celle parlée à Paris, qui est devenue le français d'aujourd'hui.

 La pureté de la langue française, c'est quoi au juste ? Je pense que sa pureté vient de toutes ses transformations, selon les changements que le peuple lui a imposés au fil du temps, pour les bonnes et les mauvaises raisons.
Ce qui me met en colère, ce n'est pas la transformation de notre langue (que je crois inévitable, même si elle est en proie à l'influence anglophone), ni la tendance à patoiser le français, ni même la tendance des Québécois à ne pas maîtriser le français, ce qui est triste (je l'avoue), mais qui naît de l’orthographe archaïque d'une langue trop snob pour changer , (à moins que l'on voit "ognon" comme le début d'une révolution) et d’une méthode d’enseignement à revoir. Ce qui me dégoûte, c'est la glorification du manque de respect de notre langue par les jeunes d'aujourd'hui. L'utilisation systématique d'expressions incorrectes, de mots écrits phonétiquement, de verbes mal conjugués, d'une grammaire déficiente... Tout ça, c'est à la mode aujourd'hui. Les adolescents voient d'un très bon œil la paresse linguistique et ils jettent toutes les règles de la langue aux poubelles.

 Ça, voyez-vous, ce n'est pas une évolution de la langue. Ce n'est pas une pente faisant glisser notre langue dans une direction ou une autre. C'est un gouffre. Et le français y tombe à la vitesse grand V. Quand les ados n'en seront plus, le besoin d'écrire n'importe comment ne sera plus là, mais les connaissances n'y seront toujours pas ! Comment vont-ils réussir à aider et motiver leurs propres enfants à apprendre le bon français, s'ils sont eux-mêmes de parfaits analphabètes ?
Je crois que si un courant risque de faire disparaître le français au Québec, ce n'est pas l'influence anglophone. C'est la célébration de la paresse linguistique.

Thursday, January 17, 2013

Harper est très occupé...

Harper vient de rencontrer les gagnants d'Occupation double.

Sérieusement.

C'est ce qu'il y avait sur sa liste de tâches. Juste après l'adoption de la loi C-45 qui allège fortement la protection environnementale dont jouissaient nos lacs et nos rivières, au profit de l'industrie du pétrole, Harper avait cette note à son agenda: Rencontrer Hubert Qui et Andréanne Quoi.

Mais quand on y pense... C'est peut-être la meilleure chose qu'il pouvait faire ! Ces deux jolis garnements sont très connus auprès du bassin de population qui lui est potentiellement le plus favorable. Ils sont à l'image même de ceux qui risquent de voter pour Harper: ceux qui n'aiment pas trop réfléchir, qui préfèrent croire que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Ceux qui voient des lois immondes votées en cachette pour des raisons à peine cachée sans monter aux barricades. Comme le dit Grace Augustine dans le film Avatar: "Ils nous pissent dessus et n'ont même pas la décence de nous dire que c'est de la pluie !" Le gouvernement Harper (parce qu'on s'entend, ce n'est plus le gouvernement du Canada que ça s'appelle, mais bien le Gouvernement Harper, rien de moins), mise sur ceux qui pensent que c'est de la pluie, parce que lever la tête vers le ciel, sortir la langue et réaliser que les gouttes sont un peu trop salées, c'est beaucoup de travail, et ça voudrait dire devoir recracher, se poser des questions et ultimement, ô l'horreur, changer de position par rapport au pisseur ! C'est beaucoup mieux de croire que c'est de la pluie. En plus, elle est confortablement chaude !

Harper rencontre donc ces deux "gagnants" de la télé, qui n'ont remporté qu'une guerre de l'image, à coups de "bitcheries", de beaux minois et de pauvreté télévisuelle, et je pense que c'était la meilleure chose qu'il pouvait stratégiquement faire, en ce moment. Pourquoi ?

Voilà. Harper ne gagnera jamais l'affection du Québec, mais il va garder l'affection du reste du Canada pour longtemps. Ses votes en terres francophones se limiteront à ceux qui aiment le confort de l'ignorance, ceux qui adulent des personnages tels qu'Hubert et Andréanne. Harper n'espère pas l'amour des autres. Donc, avec cette rencontre au sommet, Harper fait d'une pierre deux coups. Il redore son blason aux yeux des ignorants qui risquent de voter pour lui et, pour ceux qui s'en insurgent, c'est une façon de leur envoyer un message: je peux faire ce que je veux, et votre indignation est sans conséquence !


Well played, Harper, well played...