Wednesday, March 12, 2008

La chute des civilisations







Parlons d'environnement. Pas un discours plate, mais une réflexion qui me semble pertinente…
Je me sens pris d'une fascination morbide.
Voyez-vous, je me rappelle le temps où j'étudiais l'Histoire au secondaire. On nous racontait, entre autres choses, la manière à laquelle les grandes civilisations ont péri avec les années. La Grèce, la Rome antique, les Mayas… Tiens, prenons les Mayas en exemple. Nous savons qu'ils ont capitulé contre la machine de guerre européenne, résultat prévisible étant donné le retard technologique qu'ils accusaient sur l'Europe, mais même si les envahisseurs n'étaient venus qu'un siècle plus tard, il est probable que les Mayas auraient déjà disparus. Le fait est qu'ils étaient déjà faibles, rongés par la maladie et la famine. Vivant moi-même dans une civilisation dominante de la planète (s.v.p., veuillez comprendre que je parle de l'Amérique du Nord au grand complet, du Canada comme petit protégé géographique des États-unis et de notre domination en termes de superpuissance, et non de supériorité intellectuelle ou intrinsèque sur le plan humain), je m'étais toujours demandé si nous allions nous-mêmes un jour nous écrouler, tel que toutes les puissances précédentes. Après tout, si la question leur avait été posée durant leur apogée, ses représentants auraient probablement répondu que leur règne allait être éternel, ce que plusieurs occidentaux d'aujourd'hui auraient également tendance à répondre.
Puis je suis tombé sur un livre très intéressant : Cannibals and Kings. Ce livre, écrit par l'anthropologue américain Marvin Harris en 1977, offre une explication très plausible pour la chute systématique de toutes les sociétés humaines, aussi puissantes furent-elles… Sa théorie : Tout tient de l'étrange relation qu'entretient l'homme avec la technologie. Tout commence par un groupe distinct d'humains raisonnables qui contrôlent le rythme de leurs naissances en fonction de ce qu'ils sont capables de rassembler en ressources diverses. Puis vient le jour où ils découvrent (ou inventent) une nouvelle technologie qui permet de trouver ces ressources plus facilement et avec moins d'efforts. Du coup, les restreintes au niveau des naissances deviennent obsolètes puisqu’il y a suffisamment de ressources pour tout le monde. Donc, on procrée et on consomme à outrance, jusqu'à ce que le nombre de têtes dépasse la somme des ressources pourtant déjà décuplée, ce qui force l'invention de nouvelles technologies plus efficaces encore qui repoussent toujours les limites et ainsi de suite… jusqu'à ce que les ressources naturelles commencent à manquer !

Devant ce problème inévitable, la logique semble prescrire un retour en arrière, soit une régulation des naissances et une modification durable au niveau des habitudes de consommations. Or le problème, c'est que la réaction de toutes les sociétés humaines de l'Histoire a toujours été la même : on refuse de changer de diète. Peu importe l'époque, le lieu ou le régime politique, la seule réaction qu'elles ont eue fut de pousser encore plus loin la technologie pour continuer le plus longtemps possible de satisfaire la consommation de sa population. Et cela, jusqu'à ce que finalement, il n'y ait plus de ressources du tout. Dès lors, la disparition de celles-ci occasionne divers problèmes (écologique, de santé, etc.) et les options qui restent à la population sont de changer de lieu de résidence ou de diète. Cette réaction face au manque de ressources est appelée « intensification ».
Fut une époque où déménager d'une région à une autre était plus facile. La tribu des Yanomamõ, par exemple, dépendait entre-autre choses de la consommation de bananes et de bananes plantains. Les techniques pour les cueillir se sont grandement améliorées le jour où la tribu acquit des machettes de métal des mains d'autres amérindiens faisant du troc avec les Européens. Du coup, les fruits étaient cueillis en plus grands nombres avec moins d'efforts. Les bouches à nourrir se sont donc multipliées jusqu'à ce qu'il n'y ait tout simplement plus de fruit à cueillir. Ils ont donc dû partir vers de nouveaux horizons. C'était là chose possible à une époque où les sociétés étaient plus petites et moins populeuses, mais dans certains autres cas, tels que celui des Mayas, ce ne fut pas aussi facile. Leur dominance sur les autres peuples leur permettait d'étendre leur royaume tout en augmentant le nombre des naissances. Pour ce faire, ils déracinaient les arbres et construisaient de nouvelles structures. Plus les limites de leur royaume étaient importantes, plus ils croyaient rendre hommage à Kukulkan, leur dieu assoiffé de sang. Toutefois, avec le temps, la nourriture des Mayas qui dépendaient de la forêt a commencé à se raréfier, tandis que le manque d'arbres laissait le champ libre à de nouvelles maladies dangereuses et inconnues. La réaction des dirigeants fut de croire qu'ils n'avaient plus la faveur divine et que la seule manière de remédier à la situation était d'intensifier leur mode de vie. Ils firent donc tomber plus d'arbres et conquirent plus de tribus vivant dans les environs, offrant ainsi à leur dieu un royaume encore plus grand et encore plus d'hémoglobine. Ce faisant, ils réduisirent davantage la faune et la flore desquelles ils dépendaient pour vivre en santé et ils furent encore plus rongés par des épidémies qui les décimaient rapidement. Déménager n'était pas une option pour eux, étant donné la structure de leur société et leurs croyances religieuses gravitant autour des temples où étaient tués les hommes offerts en sacrifices. Puis l'Europe a débarqué. On connaît la suite…
La raison pour laquelle je partage ce flot d'informations avec vous est simple : je crois qu'aujourd'hui, nous sommes les témoins silencieux du même phénomène. La seule différence, c'est que c'est à l'échelle planétaire que cela se produit. Pas étonnant que la société de consommation ait le vent dans les voiles ! La technologie a souvent été l'outil principal d'une consommation plus facile, plus rapide et plus importante. Le problème, c'est que de nos jours, la consommation atteint des sommets encore jamais vus. Et d'ailleurs, malgré qu'il soit triste que nous puissions nous gaver à satiété alors qu'un bon pourcentage de la planète crève de faim, c'est pourtant mieux ainsi ! Ironiquement, si toute la planète pouvait consommer autant que nous le faisons en ce moment, il faudrait au moins l'équivalent de cinq Terres pour satisfaire tout le monde. Si donc nous nous mettions à partager, d'une manière considérable, nos ressources avec le Tiers-monde, il faudrait du coup modifier notre consommation actuelle ; l'Histoire nous informe que ce n'est pas là le fort de l'homme. Et la population mondiale qui ne cesse d'augmenter ! Encore quelques décennies et le nombre d'êtres humains sera plus important que la quantité de ressources que la planète entière pourra fournir !

1 comment:

Sébastien said...

Je pense la même chose que vous.

Il devient aujourd'hui évident que nous sommes à un tournant de l'histoire.

La crise économique, de même que l'inefficacité de nos politiques actuelle semble également le montrer...

Ce qui risque de précipiter notre chute actuelle est la baisse annoncée de la quantité de pétrole que l'on peut produire, car les ressources énergétiques bon marché sont le pilier de notre société de consommation.