Thursday, October 25, 2007

Allergie aux arachides

Voici deux extraits d’un article dans la revue National Vanguard en mars-avril 1997 :

« Bien sûr, le mélange des races n'est pas un événement naturel. L'évolution aurait été impossible si chaque progrès de l'évolution avait été court-circuité par des accouplements inter-espèces. »

« Derrière les slogans séduisants qui présentent le mélange des races comme un impératif moral et comme bénéfique, la motivation de leurs promoteurs est claire : l'intention n'est pas de « sauver » les Blancs, ni de leur accorder la « rédemption », mais de les détruire complètement. »

Ok, fin des maudites citations...


Voici quelques observations croquées ici et là :

— Devant l’épicerie Provigo, ville Saint-Laurent. Les deux individus que nous sommes (la Noire et le Blanc) gambadaient joyeusement pour aller vaquer paisiblement à nos occupations du dimanche après-midi. Quelques secondes suffirent pour remarquer la désapprobation dans le regard de l’homme noir.
— Une amie, en Caroline du Nord, lors de ses vacances. Elle entre dans le restaurant où par le fait même, fait aussi entrer un peu de couleur. Regards hostiles, des mitraillettes, le feu dans les pupilles.
— Deux conversations entre deux jeunes hommes noirs dans l’autobus 67, quartier Saint-Michel (là où c'est noir de monde...et ce n'est pas une expression !). Les jeunes hommes ne comprennent pas : pourquoi et comment les filles noires peuvent être avec des hommes blancs étant donné que ceux-ci ont été les investigateurs de l’esclavagisme?
— Une amie me dit : moi je ne pourrais jamais sortir avec un Arabe, mon père n’est pas raciste, mais il capoterait trop…
— Une collègue de travail : moi, je n’aime pas Montréal, y a ben trop de monde, ben trop d’ethnies, trop d’arabes…

- Montréal, octobre 2007 : Une jeune fille blanche traite des noires de nègres. Colère. Une bataille éclate. Quatre jeunes filles noires âgées entre 14 et 16 ans sont accusées de voies de faits.

— Une connaissance algérienne : les Québécois sont trop cheaps, ils ne payent jamais rien aux filles
- Barcelone, Espagne, octobre 2007 : une jeune équatorienne de 16 ans se fait tabasser par un jeune homme de 16 ans dans le métro. Le garçon la traite de maudite immigrante et lui crie de retourner dans son pays.
— Et finalement, celle-là je l’entends vraiment souvent : Martine, t’es ma seule amie noire, parce que t’es pas comme les autres… t’es pas vraiment noire…


« Vlan din dents! » comme on dit par ici. Pas comme les autres. Première question. Connaissons-nous vraiment les autres? Voici l’exemple de…appelons la Catherine. La jeune femme ne connaît aucune personne d’une autre culture. Ce qu’elle en sait, elle l’apprend des médias. Et pourtant, au dîner, elle dit d’un ton décisif et sans équivoque : moi, je n’aime pas les Arabes. Ah. Pourquoi? Les voiles, les hommes dominants, je ne suis pas capable. Ok. Mais madame n’a jamais pris le temps ou la peine de parler à un arabe. Et pourtant, madame se dit ouverte aux autres cultures, elle a mangé du "sish taouk" la semaine dernière, mmm...un délice !

Je n’ai pas suivi de cours d’anthropologie, mais les quelques éléments appris et retenus dans certains cours me reviennent par flash. Le métissage des différentes cultures a toujours existé, du nord au sud et de l'est à l'ouest. Par exemple, le sang qui coule dans mes veines est à la fois africain, antillais et français. Mais l’homme doit se trouver une raison pour se détester. Le problème d’intolérance, à mon avis, vient du fait que chaque personne pense que l’autre est trop différent de lui. Je ne le crois point. Il existe toujours un point commun qui peut unir deux personnes, les faire vibrer. Du jamaïcain Rusty dont l’idole est Ray Charles à Jonathan qui tripe sur la musique swing… et Ray Charles! Les deux hommes sont pourtant, en apparence, supposément distincts, mais l’être humain a inventé de belles choses pour s’unir : les arts, la musique, la danse... Alors lorsque je lis que les noirs, les juifs, les latinos sont des « races » différentes des blancs, je me dis : Henrique, comme Paul, peuvent développer une allergie aux arrachides, non ?

À partir de ce constat, la couleur pour moi a toujours été accessoire, je ne la vois pas, je ne la vois plus et j'ai appris à ne plus la voir, tout simplement. J'essaie de connaître et d'apprécier. Et il ne faut pas oublier que les intolérants n'ont pas de couleur. Juste une odeur acre et désagréable. Est-ce que je suis aveugle? Au contraire, je pense que je vois très bien : mes verres de contact sont bien en place. Et si les gens voulaient faire l’effort d’essayer de connaître au moins une autre ethnie ? Et s’ils prenaient le temps de connaître cette personne? Je ne dis pas que le résultat serait nécessairement positif, mais avant de dire qu’on se déteste… est-ce qu’on a essayé de s’aimer? Mais la question est plutôt : suis-je trop utopiste?

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