Monday, October 15, 2007

La réalité très à distance

Je n'ai jamais dit ce que je pensais de la télé-réalité. Ben voilà, je le fais... Rien de bien excitant, mais sans avoir approfondi la raison d'un engouement qui ne m'a pas gagné, mais qui aurait pu le faire si le concept avait été pris en main par de vrais artistes et non de vulgaires portes-feuilles ambulants, voici une petite montée de lait en ce lundi dont l'histoire risque peu de se souvenir...

Le terme « télé-réalité » est menteur à moitié. C'est de la télé, pas de doute. Mais pour la réalité, on repassera.

Prenons les émissions telles qu’Occupation double et Loft Story. Les compétiteurs y sont d'excellents représentants de la société québécoise, dans la mesure qu'on croit que le Québécois moyen est jeune, joli, mince, assez grand, photogénique, ne bégaye pas, n'a pas de handicap et a une prédisposition pour la caméra. Ce qui se passe dans ces émissions est aussi très semblable à la vraie vie, pour autant qu'on passe nos semaines à se trimbaler d'un pays à l'autre et à flirter avec de cinq à dix membres du sexe opposé dans une seule et même semaine, un peu de la même manière dont on goûte à divers échantillons de crèmes glacées chez Laura Secord.

Il y a un détail qu'il ne faudrait pas oublier quant à ces émissions : il ne s'agit pas d'une tranche de vie, mais bien d'une compétition! Les participants qui risquent à tout moment de dire quelque chose qui jetterait sur eux l'opprobre des autres candidats ou même d'un bon pourcentage du Québec ne risquent pas d'agir librement tel qu'ils le feraient dans leur salon ou sur le trône. Dès qu'ils sont devant la caméra, c'est-à-dire dès qu'ils font autre chose que dormir, prendre leur douche ou faire un petit pipi, ils deviennent un produit qu'ils doivent vendre. D'ailleurs, il ne s'agit même pas seulement de ce qu'ils vont gagner pendant l'émission, mais aussi de ce qu'ils vont gagner après! Parce qu'ils espèrent bien demeurer des produits une fois la saison terminée... Évidemment, ils n'ont aucune formation pour faire de la télé, du cinéma ou de la radio, mais... Vous vous rappelez Stéphanie Lapointe, gagnante de la deuxième saison de Star Académie? Ce qui est peut-être un peu amusant, quand on y pense, c'est qu'on s'en souvient tous pas mal moins pour ses talents de chanteuse que pour ses rôles au cinéma (Aurore) et à la télévision (Le négociateur). Et détrompez-vous! Pour le peu que j'ai entendu des produits de la Chaîne de montage à chanteurs Québécois, Lapointe est celle qui s'est le plus permis d'être une artiste, mais étant donné qu'elle n'a pas voulu d'emblée jouer le jeu tel que les autres académiciens ont embrassé sans poser de question, son album a tardé à voir le jour. Ainsi, les producteurs ne voulaient surtout pas perdre l'avantage d'un produit fini déjà imprégné de popularité et risquer qu'on l'oublie, ce qui risque fort d'arriver au Québec, nonobstant notre devise. On l'a donc exposé au maximum dans des domaines qui n'avaient rien à voir avec elle, dans des rôles que des acteurs parfaitement mieux qualifiés qu'elle aurait eus, non-pas seulement plaisir, mais également et surtout besoin de jouer! Quand t'es un produit populaire, il n'est pas nécessaire d'avoir du savoir-faire pour faire du cinéma, de la télé ou de la radio... La popularité, c'est ça l'ingrédient miracle! Ça fait tout! Ça « patche » les trous, aplani les surfaces irrégulières, colorie ce qui est fade... Ça ressemble beaucoup à cette histoire qu'on m'a racontée un jour : dans une ville quelque part, une grève des vidangeurs sévissait déjà depuis quelques jours. Un des citoyens de cette ville en avait sérieusement marre de voir les sacs verts s'accumuler sur le parterre de sa maison, chaque jour un peu plus éventrés par des ratons laveurs opportunistes. Cet homme eut soudain une idée! Il se munit de nombreuses boîtes vides en carton et de beaucoup, beaucoup de papier-cadeau. Puis, tous les soirs, il mit des ordures dans des boîtes, les emballa de manière affriolante et les emmena avec lui dans sa voiture. Une fois rendu au boulot ou au centre commercial, il laissait les boîtes sur le siège arrière, à côté d'une fenêtre ouverte. Chaque fois qu'il revenait à son véhicule un peu plus tard, les « cadeaux » ne s'y trouvaient plus! Une semaine plus tard, il avait la seule maison de son quartier qui sentait bon...
Si les producteurs sont conscients de ce fait, les candidats le sont tout autant. Ils sont fixés sur cette idée. Pensez-y! Croyez-vous vraiment qu'il y ait de la place pour le naturel?

Finalement, je crois que le terme « télé-réalité » est très représentatif... "télé" signifiant à la base "distance", je dirais qu'il y en a effectivement entre ça et la vraie vie...

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