Monday, October 22, 2007

La tribune des sous-entendus

Ça fait des mois et des mois qu’on parle d’accommodements raisonnables. Ça fait des mois que ça fait la une des journaux, surtout celle du Journal de Montréal qui saute sur n’importe quelle occasion pour attiser le feu, « boostant » la colère des Montréalais et autres de souche. Tout ce temps-là, j’ai fait comme tout le monde : j’en ai jasé, parlé, discuté… Pas qu’avec des Québécois, mais avec un grand nombre de gens de toute provenance et de toute confession. Ce que je trouve étrange, c’est que dans toutes ces conversations, je n’ai pas une seule fois trouvé ce que je cherchais : un débat! Peu importe le pays qui les avait enfanté ou le Dieu qui leur faisait plier les genoux, je n’ai jamais trouvé qui que ce soit qui est en accord avec les revendications de ceux qui exigent que nous façonnions le Québec à l’image de leur propre patelin. Oh, ils demandent qu’on les respecte, de la même manière dont ils ont choisi de nous respecter eux-mêmes.

Certes, il y a un débat et il porte le nom de Bouchard-Taylor. J’avoue ne le suivre qu’à travers les éditoriaux de mes idoles journalistiques et suis inévitablement sous l’influence de leurs opinions, mais je me soigne lentement… En attendant, j’aimerais poser une question à qui pourrait me répondre. Est-ce mon imagination, ou est-ce que ce débat est de près ou de loin un sous-produit de l’acharnement médiatique opportuniste du Journal? C’est mon impression. Ce média a indéniablement comme créneau de crier « au feu » dès que quelqu’un craque une allumette en mettant en première page une photo si « zoomée » qu’on jurerait y voir une bombe nucléaire. Toutefois, permettez-moi de bémoliser un peu… Je crois de plus en plus que du bon va sortir de ce débat. Il va permettre de lever le rideau sur une foule de choses qu’on n’aurait peut-être pas pu savoir autrement. Par exemple, saviez-vous ça qu’il y a plusieurs ethnies qui sont d’avis que le Québec souverain serait bénéfique pour l’assimilation des immigrants? J’avoue que mes lèvres ont formé un petit « o » stupide pendant un instant quand j’ai lu ça…
La commission va nous permettre de prendre le pouls des diverses ethnies. Je parle des autres, pas les grandes gueules qui ont vu l’hyper tolérance du drapeau fleurs de lys et tenté d’en profiter. Les autres, dis-je, ceux qui ne parlent pas beaucoup, les plus nombreux et donc, démocratiquement parlant, ceux dont l’opinion devrait primer sur celle des quelques marginaux. Il était temps qu’on leur offre une tribune parce que jusqu’à aujourd’hui, ils ne semblaient pas chercher à en avoir une. Suffisait de les inviter! Évidemment, c’est pas jojo pour quelqu’un qui vient d’arriver d’un autre pays de prendre la parole et dire ce qui devrait changer ici, surtout s’ils y sont venu pour fuir un monde où la liberté de parole se solde par une gorge tranchée. C'est comme une puce que l'on enferme dans un pot scellé. Dans un premier temps, elle va tenter de sortir du pot en sautant et frapper à répétition le couvercle fermé, mais progressivement, elle va ajuster la force de ses bonds. Ensuite, vous ouvrez le couvercle, la laissez sortir et la regardez bondir. Pendant un bon moment, ses sauts ne dépasseront pas en hauteur celle du pot, jusqu'à ce qu'elle reprenne confiance en la liberté.
C'est ce que nous sommes en train de faire pour les immigrants avec la commission : nous leur donnons la chance de parler pour qu'ils puissent constater qu'ils ne s'écrasent pas dans le plafond de l'intolérance à la liberté de parole. C'est là, à mon humble avis, la meilleure façon de remettre à leur place ceux qui sont en manque de popularité et qui profitent du silence de leurs confrères nationaux pour s'autoproclamer leurs représentants officiels et ainsi faussent l'image que les Québécois dits « pure laine » ont de la communauté ethnique. Comme on dit, le borgne est roi au royaume des aveugles! Du coup, si ceux qui se taisent se sentent plus à l'aise de dire ce qu'ils ont au fond du coeur et de la tête, ne se sentiront-ils pas un peu plus impliqués dans notre sort commun? Ne se sentiront-ils pas soudainement un peu plus chez eux à l'extérieur de leur maison ou même de leur ghetto ? J'ai toujours cru que le silence est une porte ouverte pour tous ceux qui sont enclins à abuser. Alors, qu'ils parlent, par pitié! Qu'ils donnent des arguments nécessaires à aider tous ceux qui rament à contre-courant pour les défendre contre les préjugés et les fausses représentations.

De bonnes choses vont venir de cette commission, je le prédits...

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